Paracha Chelah Lekha

 

Thème de la Paracha :

Cette Paracha traite de sujets divers, qui semblent n’avoir aucun rapport entre eux.

Le début relate l’épisode des explorateurs, nous donnant le nom de chacun d’entre eux. Pourquoi ?

Elle nous donne ensuite le détail du rapport qu’ils firent, d’abord à Moché, à Aaron et au Sanhédrin, ainsi qu’au peuple : rapport malveillant à propos du pays visité. Qu’est-ce que cela nous apprend ?

Puis la Torah traite de commandements applicables en Erets Israël :

  • Des sacrifices
  • Du prélèvement de la Halla

 Quel rapport y a-t-il avec la faute des explorateurs ?

Et enfin, la Paracha traite de la profanation du shabbat et de la mitsva des Tsitsith. Encore une fois, quel rapport avec la faute des explorateurs ?

 

Paracha Chelah Lekha

 

 

Commentaires :

Que de questionnements que la Paracha soulève. Malgré cette diversité de sujets, nous constaterons une certaine unité.

Concernant les noms des explorateurs, tous hommes de grande qualité, aussi bien physique que spirituelle, représentant chacune des tribus (sauf la tribu des Lévy qui n’avait pas demandé à visiter le pays avant sa conquête). Nos sages savaient par tradition que leurs noms furent énumérés par ce qu’il contenait les allusions à leur péché : avoir médit d’Erets Israël (traité Sota 34 b).

Cette exploration devait précéder immédiatement la conquête du pays. Ce qui aurait eu pour conséquence plusieurs choses :

  • La mort de Moché avant d’entrer dans le pays
  • La fin d’une vie « idyllique » : chaque jour leur repas était assuré, le puits de Myriam leur assurait toute l’eau nécessaire là où il se trouvait, leurs vêtements ne s’usaient pas, les nuées de gloire les protégeaient de nuit comme de jour des conditions de vie dans le désert. Car en effet, à leur arrivée dans le pays, ils devaient assurer leur « pain  quotidien ».
  • C’est Josué qui devait remplacer Moché à la tête du peuple et de ce fait, les explorateurs avaient peur de perdre leur qualité de chef de la tribu qu’il représentait.

Pour éviter cela, les explorateurs firent un rapport défaitiste sur leur visite d’Erets Israël. Pour donner toute crédibilité à ce rapport, ils commencèrent par dire la vérité (pays où coule le lait et le miel, où la production agricole mirobolante) mais malgré cela, les habitants sont des géants, les villes sont fortifiées, on ne pourra jamais les battre, la terre mange ses habitants…. En entendant ce rapport, le peuple se mit à pleurer et certains voulurent même retourner en Égypte, et plutôt de mourir dans le désert que par l’épée des habitants de ce pays. Pour apaiser la colère de D.ieu, Moché dû à nouveau intervenir (comme après la faute du veau d’or), pour éviter la destruction totale du peuple. D.ieu dit à Moché qu’Il avait pardonné, suite à son intervention, et de prévenir le peuple qu’Il avait entendu leurs récriminations et que «… comme vous avez parlé à mes oreilles, ainsi vous ferai-Je. » (D’où l’on peut voir encore une fois, la force de la parole). D.ieu décréta que le peuple resterait dans le désert autant d’années (40) que de jours (40) passé par les explorateurs dans le pays, et chaque année, à la date anniversaire du retour de ces hommes (9 av) un certain nombre d’individus, âgés entre 9 et 60 ans lors du dernier recensement, devaient mourir (traité Taanit, 30b)

Afin que le peuple puisse reprendre espoir de rentrer dans le pays, promis à leurs ancêtres, Moché leur enseigna des lois applicables en Erets Israël, tels que les sacrifices et le prélèvement de la Halla sur la pâte, sur l’ordre de D.ieu.

  • Concernant les sacrifices, le Sforno nous précise la procédure des sacrifices aussi bien communautaires qu’individuelles.
    • Avant la faute du veau d’or : une offrande était une odeur agréable pour Hachem, même sans oblation ni libation, comme ce fut le cas de celle présentée par Hevel (Beréchit, 4,4), par Noé (Beréchit, 8,20) et par Abraham lors de la ligature de Itshak, et comme dans (Chemot, 24,5) : « il envoya des jeunes gens des enfants d’Israël, ils firent monter (présentèrent) des holocaustes, ils sacrifièrent des sacrifices rémunératoires à Hachem, des taureaux » - des taureaux sans rien d’autre.
    • Après la faute du veau d’or : oblation et libations sont devenues nécessaires pour accompagner l’holocauste perpétuel, qui est une offrande collective.
    • Après la faute des explorateurs : oblation et libations sont devenues également nécessaires pour valider les sacrifices individuels.

Cette évolution sous-entend que la spiritualité du peuple s’était affaiblie. Lorsque tout allait bien, les sacrifices n’avaient besoin d’aucun ajout. À la première faute la farine et le vin furent ajoutés au sacrifice offerts par le peuple. Et à la seconde faute, ces ajouts devinrent également nécessaires pour les sacrifices offerts à titre individuel pourquoi le Sforno décrit-t-il oblation et libations comme des ajouts indispensables au sacrifice ? Pourquoi, d’après lui, leur absence aurait-elle invalidé l’ensemble de la démarche ? D’après la halakha, un sacrifice apporté sans farine ni vin et pourtant parfaitement valable, même s’il est de qualité inférieure.

Afin de répondre à ces questions difficiles, le Chem Michemouel nous propose tout d’abord étudier la fonction essentielle du sacrifice et l’analyse du comment les éléments qui le constituent contribuent à cette fonction. Le terme désignant le sacrifice est « korban », dont la racine signifie « se rapprocher ». Apporter un sacrifice représente pour un juif une opportunité de se rapprocher de D.ieu et de progresser dans sa relation avec Lui. Lorsqu’un animal est sacrifié, sa source de vie - son âme - sert de réparation pour l’âme de son propriétaire. Comme le dit Rachi (Vayiqra, 17,11)

« Vienne l’âme (de l’animal) et qu’elle procure le pardon à l’âme (du propriétaire).

Le règne végétal, bien sûr, est une forme d’existence bien moins évoluée. Les végétaux sont animés d’une certaine force de vie qui ne recèle qu’une infime spiritualité. Ainsi, lorsque la farine (oblation) et le vin (libations) sont apportés en offrande, ils permettent la réparation de l’aspect le plus bas de l’homme - son corps.

Il est très instructif de comparer le contexte de la destruction des Batei Mikdach à celui des fautes commises dans le désert. La Guemara évoque clairement les raisons ayant causé la destruction de chaque Beit Hamikdach :

ü  Le premier Beit Hamikdach a été détruit pour trois raisons : l’idolâtrie, la dépravation des mœurs sexuelles, et le meurtre…

ü  Pourquoi le deuxième Beit Hamikdach a-t-il été détruit, à une époque où le peuple s’investissait dans l’étude de la Torah des Mitsvot et des bonnes actions ? En raison de la haine gratuite. Ceci nous enseigne que la haine gratuite est équivalente à ces trois fautes capitales (traité Yoma, 9b).

D’après le Chem Michemouel, nous pouvons supposer que ces deux épisodes malheureux de l’histoire juive avaient été annoncés par les deux grandes fautes commises par le peuple dans le désert. Lorsque le veau d’or fut construit, le peuple se réveilla le lendemain matin et :

Ils élevèrent des holocaustes, ils apportèrent des rémunératoires. Le peuple s’assit pour manger et boire, et ils se levèrent pour s’amuser. (Chemot, 32,6)

Pour s’amuser : ce mot contient une connotation de débauche sexuelle et de meurtre. (Rachi).

Nous voyons que le contexte de la faute du veau d’or ressemblait beaucoup à celui de l’époque de la destruction du premier Beit Hamikdach.

Quant aux explorateurs, ils exprimèrent de la haine pour Erets Israël – haine qu’ils réussirent à transmettre à la majorité du peuple. Or, Erets Israël avaient pour qualités essentielles de permettre l’unification du peuple, offrant à ce dernier un objectif national. Plus encore, la terre offrait au peuple la possibilité de former un groupe homogène. Ce n’est effectivement qu’après l’entrée du peuple en Israël, que devint active la loi stipulant que d’un point de vue religieux, chaque juif est  responsable de tous les autres. La faute des explorateurs empêchait la possibilité d’une unité nationale. Cette situation ressemblait beaucoup au contexte de haine gratuite qui régnait entre les membres du peuple avant la seconde destruction du temple.

 

  • Concernant le prélèvement de la Halla, là aussi le Sforno nous précise : après le péché des explorateurs, la Halla est également devenu nécessaire, pour mériter que la bénédiction s’épanche dans leurs maisons, comme il est dit (Ye’hezqel, 44,30) : «… et la primeur de vos pâtes, je vous la donnerai aux prêtres, pour que repose la bénédiction sur votre maison ».

Et enfin, la profanation du shabbat et la sanction proférée par D.ieu, nous montre bien l’importance du respect de ce jour, et pour nous y aider, la Torah nous indique que le port des Tsitsith nous aide à nous soutenir de tous les commandements que nous devons respecter.

Fasse en sorte que nous vérifions rapidement l’arrivée du Machia’h et que nous puissions nous rapprocher de D.ieu par l’entremise des sacrifices entre autres. Amen

 

Rédigé par Mr Gerard Dadoun le 11 juin 2017

 

 LECTURE DE LA TORAH SELON LA COUTUME CONSTANTINOISE RÉALISÉE PAR RUBEN ZERBIB

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