Thème de la Paracha

 

Kora’ h et ses 250 adeptes ont reproché à Moché de réserver pour lui-même et pour Aaron son frère, la royauté et la grande prêtrise. Malgré les efforts de Moché pour leur faire entendre raison, les meneurs de la révolte refusent tout dialogue.

D.ieu annonce à Moché et à Aaron son intention d’anéantir « la communauté » de Kora’ h.

Moché annonce que la terre va s’ouvrir pour enterrer vivant les meneurs et leurs familles.

Les encensoirs, apportés par les victimes, seront transformés en plaques minces afin de servir de revêtement pour l’autel.

Dans le prolongement de la révolte de Kora’ h, le peuple s’insurge à nouveau contre Moché (et donc contre D.ieu), afin que les aînés de chaque tribu retrouvent leurs prérogatives d’avant la faute du veau d’or. Il s’ensuit une épidémie, faisant 14 700 victimes, qui sera arrêtée grâce à l’action de Aaron. Pour prouver le bien-fondé de leur nomination, Moché, sur l’ordre de D.ieu, demande à chaque tribu d’apporter un bâton sur lequel le nom de la tribu sera gravé. Le lendemain, seul le bâton de Aaron a fleuri.

 

Commentaires :

A la suite du dernier paragraphe de la Paracha précédente « Chela’h Lekha », traitant des Tsitsith, voici que parmi certains hommes les Bné Israël, et non des moindres, le Yetser Hara attaque puissamment, à deux reprises :

  • Une première fois avec Kora’h, qui par Roua’h Hakodesh, a vu dans sa descendance des hommes importants, et de ce fait n’acceptait pas le rôle qu’il pensait défini par Moché.
  • La deuxième fois, malgré le sort dévolu à Kora’h et ses adeptes, auquel ils ont assisté, ( le vers s’étant introduit dans le fruit), les tribus d’Israël pensaient pouvoir récupérer le rôle dévolu à leurs aînés d’avant la faute du veau d’or.

La lecture des commentaires sur la Sidra, du rabbin Alain Weil de Strasbourg, dans son livre imprimé en 1996 : « Petites lumières pour le Chabbat », nous donnent une représentation très réaliste de la situation actuelle qui prévaut dans nos communautés.

« Moïse, l’homme le plus humble de la terre se voit reprocher de vouloir s’élever au-dessus de l’assemblée divine. Lui qui a tiré les enfants d’Israël de l’esclavage l’Égypte s’entend dire (chapitre 16 verset 13) : est-ce peu de nous avoir fait sortir d’un pays ruisselant de millet et de miel ? On voit jusqu’où va la mauvaise foi : On attribue à l’Égypte, pays de l’esclavage, les qualités d’Erets Israël. Moïse se voit soupçonné d’avoir inventé de toutes pièces certaines Mitsvot.

Comment Moïse va-t-il réagir à ces accusations plus odieuses les unes que les autres ? Pour la première et unique fois, Moïse va demander à D.ieu de lui venir en aide, en réalisant pour lui un miracle. Si ces gens-là meurent d’une mort naturelle, ce n’est pas D.ieu qui m’a envoyé. Mais si D.ieu crée quelque chose de neuf, en faisant que la terre s’ouvre et engloutisse ces gens et leurs biens, vous saurez qu’ils ont défié D.ieu (chapitre 16 versets 29 à 30). À peine eut-il fini de parler que la terre entrouvrit et engloutit Kora’h, sa bande et leurs biens.

Après tous ces bouleversements de l’ordre naturel, on est en droit d’attendre que le peuple soit convaincu une fois pour toutes. Pensez-vous !

Le feu une fois disparu, la terre refermée, toutes les choses reprennent leur cours naturel.

Toute la communauté d’Israël murmura, dès le lendemain, contre Moïse et Aaron en disant : c’est vous qui avez tué le peuple de l’éternel (chapitre 17 verset 6). Comment une telle incrédulité est-elle possible ?

Que pouvons-nous en déduire ?

Que le miracle n’a le pouvoir d’établir l’authenticité de l’envoyé de D.ieu, ni la vérité de son message aux yeux des gens non convaincus. Celui qui est sceptique trouvera toujours une façon d’expliquer rationnellement le miracle et de maintenir ses doutes.

Dans notre Sidra, Ibn Ezra explique ainsi le refus du peuple de s’incliner devant le miracle qui était censé prouver que Moïse avait agi sur l’ordre de D.ieu en nommant Aaron comme grand prêtre : ce miracle ne nous convainc pas, par ce que c’est peut-être grâce à un stratagème, connu de vous seuls, que vous avez provoqué la mort des contestataires. Par conséquent, le miracle n’aura servi à rien et c’est pourquoi, dès le lendemain, les récriminations reprennent de plus belle. Cette fois, D.ieu en a assez, et prévient Moïse qu’il va sévir ; effectivement 14 700 personnes vont mourir. Le nombre des victimes aurait été supérieur si Aaron n’avait pas pris, sur l’ordre de Moïse, son encensoir et fait brûlé de l’encens, pour arrêter l’épidémie.

Pourquoi demander à Aaron de prendre justement de l’encens ? Pour prouver aux Bné Israël que ce n’est pas l’encens qui provoque la mortalité – puisqu’ ici au contraire il arrête – seul le péché est mortel.

À travers ses différents épisodes, nous avons là une prise de position nette de la Tora contre toute forme de superstition et de magie. Il ne faut pas interpréter les événements de notre vie par le hasard ; nous sommes les seuls responsables de nos actes et sommes donc appelés à en assumer les conséquences.

Ce même enseignement se trouve répété dans la Michna de Rosh Hashana (troisième Péreq ; huitième Michna) : quand les mains de Moïse étaient levées au ciel, les israélites l’emportaient, et quand il les baissait, les israélites perdaient. Sont-ce donc les mains de Moïse qui décident du sort de la bataille s’interroge la Michna ? Non !

C’est pour nous faire comprendre que, lorsque les israélites regardent vers le haut, se souviennent de D.ieu et confient leur sort entre ses mains, ils remportent des victoires. Dans le cas contraire, où ils oublient qui est le maître de leur destinée, l’issue du combat leur est fatale. »

Les Tsitsith nous rappellent le ciel, et le ciel me rappelle D.ieu, et donc le respect des commandements, le respect d’autrui, le respect de nos dirigeants (certes ils ne sont pas Moïse et Aaron), et nous voyons à travers les événements de cette Paracha ce à quoi peut aboutir nos dissensions. Prions Hachem qu’il pardonne nos erreurs, et nous protège où que nous soyons.

Amen.

 

Rédigé par Mr Gerard Dadoun le 19 juin 2017

 

  LECTURE DE LA TORAH SELON LA COUTUME CONSTANTINOISE RÉALISÉE PAR RUBEN ZERBIB

 

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Dédié a la refoua chelema de Norbert Moche Hay Issah'ar ben Hafassi Suzanne